Le Jargon Marseillais
Objets du quotidien
Ce sont des mots anodins. Des mots de tous les jours qui peuvent vous paraître étrangers si vous n'êtes pas du coin. «Dis, tu peux passer un coup d'escoube?» Comme l'explique Mathieu Avanzi dans son Atlas du français de nos régions (Armand Colin), le terme désigne un balai dans la région de Marseille. De même, un évier se dit pile, au féminin. Il est également intéressant d'observer qu'un «crayon de papier» est un crayon gris dans la région de la cité phocéenne. La «pomme de pin» est une pi(g)ne dans le Grand Sud.
Les expressions de tous les jours
«On est écrasés comme des sardines!», entend-on dans le métro parisien. Si notre voisin vient du Sud, il est probable que vous l'écoutiez dire: On est esquiché! La locution signifie «être écrasé, être serré», explique Mathieu Avanzi. Il existe aussi la variante «être quiché». L'auteur précise également que «le pronom indéfini de dégun est un mot emblématique de Marseille et de ses environs.» L'expression «il y a dégun» signifie «il n'y a personne». En 2016, il fait son entrée dans Le Petit Robert.
Loïc Depecker nous apprend, dans son ouvrage Petit Dictionnaire insolite des mots régionaux, que dans le Midi, faire une cagade signifie «faire une erreur, manquer un coup». Un «cagaire» est un «maladroit voire un propre à rien». Dans un tout autre registre, la formule s'embrasser comme des courges, qu'on entend surtout en Provence, veut dire s'embrasser «abondamment, mais aussi, maladroitement», note l'auteur. Dans le Midi, on parle de frottadous, un «couple qui se donne en public». Le terme vient du provençal freta, «frotter». Restons dans le domaine affectueux et mentionnons la charmante appellation pitchoune, prononcée en Provence pour désigner un enfant (ou «pitchounette» si c'est une fille). Enfin, relevons le fameux peuchère qui, dans le Midi, est une «formule d'exclamation ou de commisération, souvent ironique». Le mot vient de pécheur, du latin peccatus, et de l'occitan pecaire, pechaire.
Mots d'adresse, salutations…
«Té!» Ne sursautez pas si on vous lance cette onomatopée. Dans le Midi, l'interjection est un «mot d'adresse ou de soulignement». Exemple: «Té, viens pas me déranger pendant la sieste, que je te dis!» Plus familièrement, couillon est une formule d'insistance. De même, un ami peut aussi être un collègue, «formule d'adresse à l'attention d'un familier». Fait étonnant: adieu peut être un équivalent de «bonjour» dans le Midi. «À Marseille, adiou!», précise Loïc Depecker. En Provence, il existe également cette formule d'exclamation courante: bonne mère!
Traits de caractère
Une personne un peu lourde et maladroite se nomme, dans le Midi, un blagasse. S'il est en plus toqué, on peut aussi le trouver fada. Le terme qualifie «une personne un peu fêlée» et vient du provençal fada ou fadada, «fées». Un fada est donc littéralement «sous l'emprise» de ces créatures. Une personne qui fait mal son travail ou qui crée des embarras, est un pastisser. Bien sûr, le terme renvoie à la boisson mais pas seulement! «Pastis peut être aussi, dans le Midi une situation embrouillée, où tout est cul par-dessus tête». En Provence, être bien de Martigues signifie «être maladroit». Loïc Depecker précise que «de qui a un certain sens de l'exagération, on dira dans le Nord, qu'il est bien de Marseille. Et à Marseille, de qui est maladroit, naïf, voire sot, qu'il est bien de Martigues».
Par ordre alphabétique
Agachon : être à l’agachon, c’est être à l’affût
Aïoli : façon de dire bonjour ou au revoir. “Aïoli les amis !”
Alibófi : testicules
An pèbre : une époque passée ou future mais qu’on ne sait pas vraiment définir
Arapède : personne collante, pot de colle quoi !
Arranger : se mettre d’accord
Bader : regarder stupidement, bouche bée ou admirer
Balès : costaud, vient sans doute du mot Balaise
Balètti : c’est le bal populaire, la soirée dansante. Aujourd’hui, quand on va au Balètti c’est qu’on va voir un concert du Massilia Souns System !
Ballon : football. Et oui, ici on joue au ballon !
Baou : sommet rocheux d’une colline
Barjaquer : bavarder
Bastonner : se battre
Belsunce (arriver comme) : Arriver chez quelqu’un les mains vides
Bestiasse : personne stupide
Bras-cassé : paresseux ou maladroit
Brèle : nul
Au Vélodrome, le ballon est une religion ! Au Vélodrome, le ballon est une religion !
Cacou : Personne qui en fait trop, snobinard, petit malin qui se fait remarquer
Cafi : Plein, rempli
Cafoutchi : cagibi, petite pièce
Cagade : grosse bêtise ou gaffe
Cagagne : diarrhée
Caganis : le dernier né d’une famille
Cagnard : soleil et chaleur, ou espace découvert en plein soleil
Cagole : fille de petite vertu, avec mauvais genre, morue, poissonnière
Caguer : Ben, aller aux toilettes pour la grosse commission !
Collègue : ami
Commission : faire les commissions signifie faire les courses
Sur le Vieux-Port, l’été c’est le cagnard, il n’y a pas un arbre !
Dégun : personne. “Y a dégun ici !”
D’équerre : ivre, mais alors vraiment beaucoup !
Emboucaner : infecter, puer ou alors chercher la bagarre
Encaper : avoir de la chance
Escagassé : fatigué, agacé, exaspéré
Escamper (s’) : fuir, décamper
Esque : petit vers servant d’appât de pêche
Esquichés : serrés, entassés
Estrasse : tenue vestimentaire d’une personne peu élégante et soignée
Fada : fou
Figure (n’avoir pas de) : agir dans le sens tout à fait contraire à l’honneur
Flai ou fly : pastis, aussi appelé Jaune. “Sert le jaune collègue !”
apero-marseillais-pastis-olive L’apéro de base à Marseille : pastis – olive
Gabian : Mouette, oiseau marseillais
Gansailler : secouer physiquement ou moralement
Galéjade : plaisanterie, petite blague sans conséquence
Glandouiller : ne rien faire
Gobi : petit poisson aux gros yeux
Grognasse : femme désagréable
Une mouette sur le MuCEM © M Clavel Une mouette sur le MuCEM © M Clavel
Jobastre : personne un peu folle qui prend des risques
Languir : souffrir de l’absence ou s’ennuyer
Maffre : postérieur – cul
Maï : encore
Mariolle : faire le mariolle, c’est faire le rigolo
Marroner : rouspéter, râler
Mastre : personne sans grand intérêt, pauvre type
Méfi : Attention !
Minot : enfant, gamin
Morfale: affamé, mort de faim
Morfler : recevoir une raclée
Moulon : tas, amas (c’est jamais très bon de se retrouver sous un moulon !)
Néguer : se noyer
Pachole : sexe féminin
Pacoulin : plouc ou type de la campagne profonde
Palot (rouler un): embrasser goulûment
Panade (être dans la): avoir de gros ennuis
Papé, Papet : grand-père ou vieil homme avec notion de respect
Pastisser : salir
Péguer : coller
Pièce : passer la pièce signifie passer la serpillère
Pile : la pile c’est l’évier en provençal
Ravan : Objet en mauvais état et vieux, souvent employé pour une vieille voiture
Ravi: personne toujours contente (dans la crèche provençale, le santon du Ravi occupe une place importante)
Rouste: raclée
Ruiner (se): se faire mal
ravan “Sérieux, tu crois que je vais monter dans ton ravan ?”
Scoumoune : malchance (avoir la scoumoune c’est pas le top…)
Stassi : bon à rien (souvent on dit, espèce de Stassi !)
Stoquefiche : personne très maigre
Tarpin : beaucoup, très
Tè vé : tiens, regarde !
Testard : personne têtue
Toti : imbécile
Tron de l’air : personne vive et énergique
Wagon : grand nombre, beaucoup (c’est rarement bon signe quand l’OM se prend un wagon…)
Zoù : allez, ça y est
Zoù maï : ça recommence !