Comté de Nice
Countea de Nissa (Occitan) - Contea di Nizza (Italie)
Le comté de Nice (Countea de Nissa en niçois) est un ancien État de Savoie. Il est créé en 1388, dans le cadre de la guerre de succession de Provence, par la dédition de Nice à la Savoie. Jusqu'en 1526, ce territoire acquis par la Maison de Savoie est désigné sous le nom de « Terres neuves de Provence ». Le comté disparait d'abord par la réorganisation du royaume de Sardaigne de 1818, qui modifie sa dénomination, puis par l'annexion française en 1860.
Au fil du temps, les frontières du comté de Nice ont quelque peu évolué. Il correspond aujourd'hui à peu près à l'arrondissement de Nice, dans le département des Alpes-Maritimes, et reste une région culturelle désignée sous le nom de Pays niçois.
Titre | Description |
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Statut | Comté (province des États de Savoie puis du royaume de Sardaigne) |
Capitale | Nice |
Langue | Italien (officielle) / Niçois (Occitan) |
Religion | Catholicisme romain |
Histoire et événements | |
Dédition de Nice à la Savoie | 1388 |
Annexion par la Première République française | 1793 |
Restauration sarde | 1814 |
Fin de la dénomination « comté de Nice » | 1848 |
Toponymie
Carte du comté de Nice
Après la dédition de Nice à la Savoie, le territoire nouvellement soumis à l'autorité de la maison de Savoie est désigné sous le nom de « Terres neuves de Provence ». Celles-ci auraient pris le nom de « comté de Nice » en 1526, dans les actes de la chancellerie de Savoie. Le terme « comté » a ici un sens administratif et non féodal. C'est à peu près à cette époque que le blason de Nice apparaît sous l'égide des comtes de Savoie : on le voit une première fois en 1502. Cependant, d'après Henri Costamagna de l'université de Nice, le terme de comté serait apparu dès 1422 et aurait été utilisé « avec une certaine constance » à partir de la fin du ⅩⅤe siècle puis officialisé en 1574.
Il semble que l'administration savoyarde ait eu dans les premiers temps du mal à désigner le territoire qu'elle avait acquis en 1388. Ainsi, selon l'historien Laurent Ripart, l'expression « Terres de Provence » ne fut pas employée avant le ⅩⅥe siècle. Auparavant, de longues périphrases étaient utilisées, comme « la cité de Nice et les terres adjacentes de Provence ». À partir du ⅩⅤe siècle, ce qui n'était que les « terres savoyardes de la Provence orientale » évolue en une patria, c'est-à-dire une province dont la cohérence est assurée par la domination territoriale de la ville de Nice. Le comté de Nice a donc uni des territoires — ceux qui ne faisaient pas partie de la viguerie de Nice — qui n'étaient pas auparavant tournés vers Nice, aboutissant à un « pays niçois ».
En 1818, Victor-Emmanuel Ier procède à une réorganisation administrative du royaume de Sardaigne qui aboutit à l'abandon de l'appellation « comté de Nice » au profit de la « province de Nice », elle-même rattachée à une division de Nice (divisione di Nizza). En 1859, cette dernière devient la province de Nice, composée de trois « arrondissements » (circondari). Ainsi, le traité de cession de la Savoie et de Nice à la France en 1860, mentionne le nom de « circondario di Nizza », traduit comme « arrondissement de Nice ».
Géographie
Le territoire du comté de Nice correspond à peu près à l'actuel arrondissement de Nice dans le département des Alpes-Maritimes. Ainsi, le comté de Nice comporte ainsi une côte d'une trentaine de kilomètres de long (en excluant les littoraux de Monaco, Menton et Roquebrune-Cap-Martin, ces deux dernières communes n'ayant jamais fait partie du comté de Nice) et les vallées du Var, de l'Estéron, de la Tinée, du Paillon, de la Vésubie, de la Bévéra et de la Roya, jusqu'à la ligne alpine de partage des eaux, laquelle sépare le comté du domaine piémontais. Toutefois, le comté de Nice est considéré par les géographes italiens comme faisant partie de la région géographique italienne dont le fleuve du Var est la frontière occidentale.
Le comté de Nice a été durant des siècles le seul débouché maritime des États de Savoie (à l'exception de la petite enclave d'Oneille) jusqu'à ce que la République de Gênes, qui comprenait l'actuelle Ligurie et une partie de l'actuel bas Piémont (Novese et Ovadese), soit annexée par le royaume de Sardaigne en 1815.
La ville principale du comté a toujours été Nice, centre à vocation marchande qui fut en mesure de se distinguer des petits villes et villages de la côte et de l'intérieur des terres, depuis le début du Moyen Âge.
Démographie
La population du territoire correspondant à l'ancien comté vit essentiellement à Nice et sur le front de mer. Dans l'arrière-pays, on remarque cependant les municipalités de Contes, Tourette-Levens, Levens, Sospel, Breil-sur-Roya et l'Escarène. Selon le recensement de 2012, 12 communes dépassent 3 500 habitants. Elles sont reprises dans le tableau ci-dessous.
Rang | Nom de la localité | Population municipale (2012) |
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1 | Nice | 343 629 |
2 | Beausoleil | 13 272 |
3 | La Trinité | 10 085 |
4 | Contes | 7 187 |
5 | Villefranche-sur-Mer | 5 443 |
6 | Saint-André-de-la-Roche | 5 346 |
7 | Tourrette-Levens | 4 786 |
8 | Levens | 4 761 |
9 | Cap-d'Ail | 4 741 |
10 | Drap | 4 341 |
11 | Beaulieu-sur-Mer | 3 764 |
12 | Sospel | 3 568 |
Hydrographie
Var
Le Var jaillit à Estenc, hameau de la commune d'Entraunes. Source située à une altitude de 1 790 mètres, au sud du col de la Cayolle (2 326 m) dans les Alpes-Maritimes. Son parcours de 114 kilomètres s'achève dans la mer Méditerranée entre Nice et Saint-Laurent-du-Var. Il est à noter que le Var est le seul fleuve qui ne traverse pas le département français qui porte son nom. D'autre part, une partie de son cours aval servait de frontière avec la Provence.
Le niveau du cours d'eau est habituellement bas, 50 à 100 m3/s en règle générale, mais il est réputé pour ses crues soudaines et importantes, son débit monte alors en quelques heures à 1 000 m3/s, atteint 3 500 m3/s en crue centennale et jusqu'à 5 000 m3/s en crue millennale. Sa dernière crue importante eut lieu le . Le module du fleuve à Nice est de 49,4 m3/s.
Roya
La Roya (en occitan Ròia) est un fleuve côtier qui prend sa source en France au col de Tende, dans le département des Alpes-Maritimes et rejoint la Méditerranée en Italie à Vintimille. Sur une longueur totale de 60 km, seuls les quinze derniers kilomètres se trouvent en Italie, à proximité de Vintimille. Ses principaux affluents sont en rive gauche La Lévenza, le Vallon de la Bendola, vallon de Caïné, Carleva, Fanghetto et en rive droite le torrent de Bieugne,Caïros,La Lavina et la Bevera. La longueur référencée en France est de 40,1 km.Longueur totale de 62,25 km, débit moyen de 10 m3/s en crue jusqu'à 1 300 m3/s
Vésubie
La Vésubie est une rivière des Alpes-Maritimes, affluent du Var, qui se forme à 2 665 m d'altitude au lac Blanc, dans le massif du Mercantour-Argentera. Le cours d'eau traverse huit communes, parmi lesquelles Saint-Martin-Vésubie, Roquebillière, Lantosque et Levens où elle rejoint le Var. D'une longueur de 45 kilomètres, le cours d'eau reçoit onze affluents dont les plus importants sont :
- le Boréon,
- la Gordolasque,
- le Riou de la Bollène,
- le Riou du Figaret.
Tinée
Principal affluent du Var en rive gauche, la Tinée a une longueur de 69,9 kilomètres. Elle prend sa source à 2 702 m dans le nord du massif du Mercantour-Argentera, en contrebas de la cime des Trois Serrières, et rejoint ensuite le Var, au niveau des gorges de la Mescla, sur les communes de Tournefort et d'Utelle. Elle dessert principalement les communes de Saint-Étienne-de-Tinée, Isola, Saint-Sauveur-sur-Tinée, Clans et Utelle. Son bassin couvre une superficie de 743 kilomètres carrés.
Histoire
- Dédition de Nice à la Savoie
-
En 1380, la comtesse Jeanne Ire de Provence (1348-1382) — mieux connue sous le nom de la reine Jeanne — sans enfants, adopte Louis d'Anjou, le frère du roi de France Charles Ⅴ. Le cousin de Louis, le duc Charles de Duras (ou Durazzo), mène alors l'Union d'Aix, le parti provençal anti-angevin, et assassine Jeanne, entraînant une guerre de succession qui se terminera par la victoire du parti d'Anjou. Prenant avantage des troubles, le comte de Savoie Amédée ⅤⅡ le Rouge, qui souhaite avoir un accès vers la mer, négocie avec Jean Grimaldi de Bueil. Celui-ci, baron de Beuil, gouverneur de Nice et sénéchal, a en effet la volonté de soustraire à la suzeraineté du comté de Provence, sa partie orientale située en rive gauche du Var et de l'Estéron.
Pour sa part, le comte de Savoie voit dans la réalisation d'une dédition de Nice à la Savoie l'occasion d'élargir ses terres. Sous l'influence de Jean Grimaldi de Bueil, qui commande la garnison de Nice, les Niçois se soumettent et accueillent leur nouveau suzerain selon les traditions provençales. L'accord est scellé à l'abbaye Saint-Pons le 28 septembre 1388, suivant lequel la ville de Nice et sa viguerie, la cité de Puget-Théniers et les vallées du Haut-Var (hormis Guillaumes), du Cians (avec Beuil), de la Tinée et de la Vésubie constituent la division administrative des Terres Neuves de Provence incorporée aux États de Savoie. Division qui englobera aussi la vallée de l'Ubaye. Au total, la nouvelle entité rassemble quatre vigueries : celle de Nice, celle du val de Lantosque, celle de Puget-Théniers et celle de Barcelonnette.
La Savoie est à l'époque un État puissant, doté d'une importante force armée, prospère et bien administré, contrairement à la Provence. Avec l'accord des populations, l'armée savoyarde s'installe alors dans ces terres neuves et Nice en devient la capitale sous l'autorité civile et militaire d'un gouverneur savoyard. En 1388, cette prise de possession de Nice par la maison de Savoie n'est faite qu'à titre provisoire. Elle est confirmée en décembre 1391 quand les syndics de Nice firent hommage et prêtèrent serment de fidélité au représentant du comte de Savoie. Si les descendants de Charles de Duras renoncent à protester contre cette annexion, il n'en est pas de même pour la maison d'Anjou. Ce n'est qu'en 1419 que la veuve de Louis II d'Anjou, la reine Yolande, renonce au nom de son fils, Louis III, à ses droits sur Nice.
Les grands féodaux, à l'exception de quelques familles : les Grimaldi, les Berre, les Lascaris, émigrent sur la rive droite du Var, de façon à rester provençaux. Quoique située sur la rive droite, Gattières sera aussi arrachée à la Provence à la même époque. Amédée ⅤⅡ lance la création d'une nouvelle noblesse, qui se développera surtout au ⅩⅦe et ⅩⅤⅢe siècles, et Jean Grimaldi reçoit une vingtaine de fiefs en reconnaissance de son action.
Monaco, alors génoise, mais détenue par les Grimaldi depuis 1297 se voit reconnaître son indépendance en 1489, par le roi de France et le duc de Savoie. Entre-temps, dans le reste de la Provence, le roi René s´avère être également le roi dont la faiblesse fait tomber la Provence entre les mains des rois de France. En effet, Louis Ⅺ lui fait comprendre que son héritage lui conviendrait. Le roi déshérite son successeur naturel, René Ⅱ de Lorraine, au profit de Charles V d'Anjou. En 1481 ce dernier, sans successeur, est disposé à donner ses terres à Louis Ⅺ qui remporte ainsi une grande victoire sans aucune bataille. Louis Ⅺ s'empare donc de la Provence en 1481 qui devient définitivement française.
- Époque moderne (xve siècle - xviiie siècle)
- Époque contemporaine (xixe siècle)
Culture
Langues
La langue historique du comté de Nice est une variante de l'occitan et constitue au départ une forme de l'ancien provençal, avec toutefois une certaine influence ligure dans la vallée de la Roya. La dédition de 1388 a pour conséquence la différenciation progressive de langue parlée dans le comté par rapport à celle parlée en Provence. Contrairement au provençal qui évolue, elle conserve les traits archaïques de l'ancien occitan tout en recevant une influence des parlers italiens voisins.
Il existe des différences linguistiques entre les territoires du comté de Nice : si la langue reste très proche de l'ancien provençal dans le haut et moyen pays, ce qui donne lieu au gavot, elle entame en revanche une évolution plus discernable à Nice et dans ses environs pour aboutir au niçois d'aujourd'hui.
Le 22 septembre 1561, le duc de Savoie Emmanuel-Philibert Ier signe l'Édit de Rivoli par lequel le latin est remplacé par l'italien comme langue pour la rédaction des actes officiel. Néanmoins certaines communes de l'arrière-pays comme Puget-Théniers et Contes continuent à utiliser l'ancien provençal pour rédiger leurs comptes jusqu'au début du ⅩⅦe siècle. En 1860, la population était majoritairement bilingue, et 85 % des habitants savaient parler l'Italien en seconde langue, et 8% avaient l'Italien comme langue maternelle, mais ce pourcentage diminuera dans les décennies suivantes. Le Français était surtout parlé par les élites urbaines, et l'aristocratie locale par moins de 5% de la population, et était compris par peut-être 30% de la population, mais le gros de la population, au moins 80%, surtout rurale à l'époque, parlait l'un des patois locaux : variantes du Franco-Provençal, et Patois Niçois, etc... Le Français commencera à s'imposer avec la scolarisation obligatoire, à partir de 1880 avec la loi de Jules Ferry, ce qui débouchera à un certain déclin des Patois, et surtout de l'Italien.
Traditions
La danse la plus représentative du comté est la farandole et ses variantes : brandi, mourisca (ou mauresque), passa cariera (passe-rue). Filles et garçons dansaient dans les rues et sur les places, le jour de la fête patronale du village, au son du fifre et du tambour, parfois du violon ou de la vielle à roue.
County of Nice
Comtat de Niça (Occitan) - Contea di Nizza (Italian) - Comté de Nice (French)
1388/1848
The County of Nice or Niçard Country (French: Comté de Nice / Pays Niçois, Italian: Contea di Nizza/Paese Nizzardo, Niçard Occitan: Comtat de Niça/País Niçard) is a historical region of France, located in the south-eastern part, around the city of Nice, and roughly equivalent to the modern department of Alpes-Maritimes.
Title | Description |
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Capital | Nice |
Languages | French, Italian, Occitan, Niçard dialect |
Religion | Roman Catholic |
Area 1751 | 4,000 km² (1,544 sq mi) |
Population 1751 est. | 250,000 |
Density | 62.5 /km² (161.9 /sq mi) |
Currency | Piedmontese scudo (to 1816) French franc (1800–14) Sardinian lira (1816–48) |
History | |
Union of Savoy | 1388 |
French conquest | 1793 |
Savoyard restoration | 1814 |
Perfect Fusion | 1848 |
History
Its territory lies between the Mediterranean Sea (Côte d'Azur), Var River and the southernmost crest of the Alps.
Ligurian tribes populated the Contea di Nizza prior to its occupation by the Romans. These tribes, conquered by Augustus, had become fully romanized (according to Theodore Mommsen) by the 4th century, when the barbarian invasions began. In those Roman centuries the area was part of the Regio IX Liguria of Italy.
The Franks conquered the region after the fall of Rome, and the local Romance populations became integrated within the County of Provence, with a period of independence as a maritime republic (1108–1176). It was initially a semi-autonomous part of the ancient County of Provence, then it became in 1388 a part of the Duchy of Savoy (which became the Kingdom of Sardinia, usually referred to as Piedmont-Sardinia, in 1720).
The region received the name County of Nice during the 15th century, after its integration into the Piedmontese state. From 1388 to 1860 the history of the County of Nice was tied to that of Italian Piedmont-Sardinia. Its historical capital city is Nice.
Annexation to France
France annexed the County in 1860, during the Italian Wars of Independence. By an 1858 secret agreement concluded at Plombières between Napoleon III of France and Sardinian prime minister Count Camillo Benso di Cavour, France agreed to support Piedmont in a war against Austria in order to wrest the provinces of Lombardy and Venetia from Austrian rule. In exchange for French military assistance, Piedmont was to cede Nice and Savoy to France. The annexation was temporarily put into doubt after the Italian war of 1859, during which Napoleon III concluded a separate peace with Austria before Venetia could be captured. In March 1860, however, as Piedmont was in the process of annexing Parma, Modena, and the Marches, Napoleon III agreed to sanction Piedmont's Italian acquisitions in exchange for Nice and Savoy. France annexed the provinces by the provisions of the Treaty of Turin, signed on 24 March 1860. There followed plebiscites in Nice on 15 and 16 April and in Savoy on 22 and 23 April, in which the vast majority of the inhabitants of the two territories voted to approve the treaty and join France. France took formal possession of Nice and Savoy on 12 June 1860.
Nevertheless, the Italian nationalist leader Giuseppe Garibaldi, who was born in Nice, strongly opposed the cession of his home city to France, arguing that the County of Nice was essentially Italian and should not be sold as a "ransom" to French expansionism.
Though not among the most prized territories coveted by Italian nationalists after 1860, some Italian nationalists considered the County of Nice as part of "Italia irredenta", Italy's "unredeemed territories". During World War II, when Italy occupied parts of southeastern France, it included Nice administratively in the Kingdom of Italy.
As the County was too small to form its own département, the French government added it to the arrondissement of Grasse, detached from the neighboring Var department, to create the Alpes-Maritimes department. Since 1860 the County has been largely coterminous with the Arrondissement of Nice, one of two arrondissements of the Alpes-Maritimes, in the Provence-Alpes-Côte d'Azur region. Nevertheless, the term County of Nice ( Countea de Nissa in Niçard language) continues in use today to identify the territory as a distinct cultural and historical region, particularly to distinguish it from neighboring Provence.
The historical language used by inhabitants of the County of Nice was Niçard, though it has been almost entirely supplanted by French since 1860.
Population amounted to 506,694 inhabitants in 1999.
In 2010 the statue Neuf Lignes Obliques was erected along the Promenade des Anglais on the shoreline to commemorate the 150th year of Nice's annexation.